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20 novembre 2018

Vers le Synode pour l'Amazonie

Lancement du synode

Noëlie Djimadoumbaye, Religieuse xavière, membre du Ceras

Vers le Synode pour l'Amazonie Forêt amazonienne_Flickr

Le 15 octobre 2017, le pape François a annoncé le synode « pour la région panamazonienne »1 ayant pour objectif  « d’identifier de nouvelles voies pour l’évangélisation de cette portion du peuple de Dieu, spécialement les indigènes, souvent oubliés et sans perspective d’un avenir serein ». Le thème officiel du synode est : « Amazonie: nouveaux chemins pour l’Eglise et pour une écologie intégrale ». Ce synode est une démarche de discernement du peuple de Dieu qui habite l’Amazonie autour de la problématique de l’évangélisation et de l’écologie intégrale. 

La marche du synode

Le synode est actuellement dans sa phase de préparation qui a démarré le 15 octobre 2017 avec l’annonce du synode. Le 19 janvier 2018, lors du voyage du pape au Pérou, les premiers travaux préparatoires du Synode se sont tenus à Puerto Maldonado avec quelques évêques des différents pays de la région amazonienne et le cardinal Baldisseri, chargé des synodes, le cardinal Hummes, président de la REPAM (Réseau Ecclésial Panamazonien), des laïcs, religieuses et prêtres. Ces travaux visaient à faire une proposition de thème général et de thèmes spécifiques du synode. Le 08 mars 2018, le pape François a rendu public le thème exact du synode : « Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale ». Il a aussi nommé les membres du Conseil présynodal2 qui ont tenu, le 12 avril 2018, la première réunion du comité préparatoire du synode à Rome en vue de la rédaction des Lineamenta ou document préparatoire publié le 08 juin 2018. Ce document préparatoire constitue la base du travail de consultation du peuple de Dieu par les évêques. Les contributions des évêques seront centralisées en vue de l’élaboration de l’Instrumentum laboris ou document de travail  qui  paraîtra probablement en février 2019. La Célébration du synode aura lieu en octobre 2019 au Vatican.

Les enjeux du synode pour l’Amazonie

1er enjeu : les peuples de l’Amazonie, spécialement les indigènes, destinataires et sujets du synode. Dès l’annonce du synode, le pape a nommé les destinataires de cette nouvelle évangélisation à savoir le peuple de Dieu qui habite la région de l’Amazonie et, tout particulièrement, les indigènes, souvent oubliés. Le fait de nommer explicitement les indigènes dit la volonté du Saint Père de les sortir de l’anonymat et de faire d’eux non seulement l’objet du synode mais aussi et surtout des sujets: « Ces chemins d’évangélisation doivent être pensés pour et avec le Peuple de Dieu qui habite dans cette région (…) tout spécialement, pour et avec les peuples autochtones » (Document Préparatoire (DP), préambule). La première réunion préparatoire tenue le 19 janvier 2018 à Puerto Maldonado, au Pérou lors de la visite du Pape en présence de plusieurs communautés indigènes témoigne de la volonté d’impliquer ce peuple dans la démarche synodale.

2ème enjeu : la portée universelle d’un synode spécial. C’est un synode spécial certes, qui concerne une région particulière, l’Amazonie, mais ce synode a une portée universelle en présentant l’Amazonie comme « un miroir de toute l’humanité » : « L’Amazonie est une région possédant une riche biodiversité ; elle est multiethnique, multiculturelle et multireligieuse, un miroir de toute l’humanité … Les réflexions du Synode Spécial vont bien au-delà du cadre strictement ecclésial amazonien, car elles s’étendent à l’Église universelle et même au futur de toute la planète . À partir d’un territoire spécifique, nous voulons jeter un pont vers d’autres biomes essentiels de notre monde dont, entre autres, le bassin du Congo, le couloir biologique méso-américain, les forêts tropicales de l’Asie-Pacifique et l’aquifère Guarani.» (DP, préambule).

3ème enjeu : L’inculturation et l’interculturalité pour « une Eglise au visage amazonien ». Après plus ou moins 400 ans d’évangélisation, le synode se propose de revisiter cette œuvre évangélisatrice à la lumière des questions nouvelles : comment faire face à la difficulté de l’accès aux sacrements à cause du nombre limité de prêtres sur un territoire immense ? Comment favoriser l’émergence d’une Eglise au visage amazonien ? Ces questions amèneront les pères synodaux à se pencher sur la problématique du clergé indigène, à explorer de nouvelles modalités d’une plus grande participation des femmes dans la vie ecclésiale.

4ème enjeu : l’écologie intégrale. Le document préparatoire invite à avoir un double regard sur l’Amazonie : d’une part un regard d’émerveillement sur la diversité culturelle et la biodiversité de la nature et d’autre part un regard d’indignation car l’Amazonie est gravement menacée aujourd’hui par « une culture de déchet et une mentalité d’extraction » (DP, préambule), « des structures qui ôtent la vie et avec les mentalités de colonisation » (DP, préambule) et un « modèle de développement anonyme, asphyxiant, sans mère, dont les seules obsessions sont la consommation et les idoles de l’argent et du pouvoir » (DP, n°5). Dès lors, il est urgent pour l’Eglise de chercher de nouveaux chemins pour inventer un « avenir serein » et « le bien-vivre » pour et avec le peuple amazonien.

Le document préparatoire présente trois parties suivant la méthode bien connue de Voir – Juger/Discerner – Agir.  La première partie invite à contempler l’Amazonie comme un territoire uni au-delà des frontières étatiques, un peuple avec une grande diversité culturelle. L’Amazonie est un lieu de vie et de rencontre et non une réserve de ressources naturelles vouées à l’extraction. La deuxième partie cherche à faire entendre le cri de l’Amazonie et surtout à comprendre les causes de cette souffrance, cela dans un esprit d’écoute profond de ce que vivent les peuples d’Amazonie. Enfin la troisième partie propose quelques pistes d’actions possibles pour « une Eglise au visage amazonien ». Le document se termine par un questionnaire d’une trentaine de questions devant servir de base de consultation du Peuple de Dieu par les évêques de la Panamazonie.

 

  • 1. La région panazomienne qui regroupe la Bolivie, le Brésil la Colombie, l’Équateur, la Guyana Anglaise, la Guyane française, le Pérou, le Surinam et le Venezuela.
  • 2. Ce conseil comprend trois cardinaux : le cardinal Claudio Hummes, franciscain, archevêque émérite de São Paulo (Brésil) et président du REPAM ; le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le développement humain intégral (Vatican) ; le cardinal Carlos Aguiar Retes, archevêque de Mexico et ancien président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) ; de nombreux évêques latino-américains ; une religieuse Sœur María Irene Lopes Dos Santos, Carmélite missionnaire de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, déléguée de la Conférence latino-américaine et caribéenne des religieux et religieuses ; et un laïc, Mauricio López, secrétaire exécutif du REPAM.

Pour aller plus loin

Document préparatoire : http://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2018/06/08/0422/00914.html#fr

Conférence de presse de présentation du document préparatoire de l'Assemblée spéciale du Synode des évêques pour la région panamazonique [octobre 2019] (8 juin 2018) : http://press.vatican.va/content/salastampa/en/bollettino/pubblico/2018/06/08/180608b.html

Aux États-Unis, l'inquiétante disparition des Amérindiennes : https://www.vaticannews.va/fr/monde/news/2018-08/aux-etats-unis-d-inquietantes-disparitions-d-amerindiennes.html

Rencontre du Pape François avec les peuples indigènes d'Amazonie : https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2018-01/voyage-apostolique-chili--messe-a-temuco.html

Le bon sens de la Terre : https://mission-universelle.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/7/2018/04/Dominique-Lang_Bon-sens-Terre.pdf