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Laudato si' : en marche vers la conversion écologique

Documents Episcopat, 01/09/2016, 5 euros
Laudato si' : en marche vers la conversion écologique

Depuis la parution de l'encyclique Laudato Si', la Conférence des Evêques de France a mis en place une mission « Ecologie et société » au sein du service national Famille et société. Ce département a pour objectif de favoriser la réception de l'encyclique dans les mouvements et services de l'Eglise de France et de suivre les questions liées à l'écologie intégrale et la conversion écologique. On peut déjà noter, à son initiative, la création d'une page internet, laudatosi.catholique.fr et la publication en septembre 2016 d'un numéro de la revue Documents Episcopat sur ce même thème.

Le document, rédigé par Elena Lasida, rappelle d'abord le contexte de parution de Laudato Si', quelques mois avant la COP 21, et l'influence qu'a pu exercer l'encyclique pour la signature de cet accord historique.

Quelques clés de lecture sont d'abord données en repérant trois piliers qui structurent l'encyclique que l'auteure associe à trois idées fortes du texte :

  • « Tout est lié ». Notre rapport à l'environnement n'est pas sans lien avec notre rapport à autrui et à Dieu, et les questions sociale et écologique interagissent. La notion d' « écologie intégrale » souligne ces interdépendances. Elle s'enracine dans celle de « développement intégral », en invitant à prendre en compte toutes les dimensions de la vie humaine mais aussi toutes les créatures.

  • « Tout est donné ». La « Création » est un don reçu qui incite à la gratitude et à la gratuité. Ces attitudes intérieures conduisent à la reconnaissance de la valeur propre de toute créature et permettent de percevoir la création comme un bien dont la destination est universelle.

  • « Tout est fragile ». Cette fragilité est une invitation au respect mais aussi à l'accueil des nouveaux commencements possibles, par-delà la mort. Elle empêche les solutions toutes faites. Le Pape préconise au contraire le « dialogue », au niveau international comme national et local, entre politique et économie, religion et sciences.

Trois cris jaillissent ainsi de cette encyclique. Elle se présente comme un appel urgent à « prendre soin de la maison commune » où chacun devrait pouvoir se sentir chez soi, sans que certains pays accaparent des biens à leur compte, accumulant une « dette écologique » qu'ils ne veulent pas reconnaître. Elle prône une véritable « conversion écologique », incluant un changement de style de vie mais aussi de regard et d'attitude spirituelle. Elle invite à une « révolution culturelle », à même de nous aider à redéfinir l'idée de progrès, en ne limitant pas celui-ci au confort matériel mais en réinterrogeant ce qui fait la valeur de la vie.

Une deuxième partie suggère des repères et des pistes d'action pour la conversion écologique, en reprenant quatre règles de discernement citées dans l'encyclique mais déjà présentes et particulièrement développées dans l'exhortation Evangelii Gaudium :

  • La réalité est plus importante que l'idée.

Le pape se méfie des idées qui finissent par être séparées du réel. Il redit la nécessité d'un dialogue constant entre les deux. La réalité est un lieu de révélation, même au cœur de la crise écologique, à travers laquelle notre vision de la vie bonne est questionnée.

  • Le tout est supérieur à la partie.

La maison commune n'est pas seulement la maison de chacun, elle est un lieu de mise en relation qui nous appelle à vivre en communion.

Nos choix de consommation et d'épargne intègrent-ils la prise en compte de leur impact sur les autres et l'environnement, et non le seul bénéfice personnel ? Dans cette perspective, il nous faudra rechercher un intérêt mutuel ou partagé entre producteurs et consommateurs et mesurer la richesse produite avec de nouveaux critères, incluant la richesse relationnelle et l'utilité sociale et environnementale.

  • L'unité prévaut sur le conflit.

Cette unité est fondée sur la communion des différences et non leur suppression. Elle peut se concrétiser, par exemple, dans l'économie de fonctionnalité qui invite à la mise en commun de biens plutôt qu'à leur appropriation. De même, l'économie circulaire qui promeut le recyclage peut conduire à la collaboration entre entreprises, au lieu de l'ignorance et de la rivalité, les déchets d'une entreprise devenant matière première pour une autre.

  • Le temps est supérieur à l'espace.

Retrouver la valeur du long terme, en dépassant la volonté de maîtrise de l'espace, favorisera des initiatives et processus dont nous pourrons espérer du nouveau. Ici aussi, des modalités nouvelles de mise en commun de biens, en nourrissant l'intelligence collective, peuvent avoir des répercussions sociétales qui nous aident à envisager l'avenir comme promesse plutôt que comme menace.

La dernière partie liste des initiatives ecclésiales en faveur de l'écologie intégrale. Elle mentionne les chantiers de la mission Ecologie et société :

- l'espace numérique sur Laudato Si', qui regroupe des outils de compréhension de l'encyclique, des pistes d'action, l'information sur des initiatives de diocèses et mouvements, ainsi qu'un espace de débat ;

- les propositions pour le temps de la Création (1er septembre – 4 octobre) avec diverses textes, chants et actions pour célébrer et se laisser convertir pendant ce mois de prière commun à toutes les Eglises chrétiennes ;

- la coordination de référents diocésains à l'écologie intégrale ;

- une réflexion sur les modes de vie en vue de mettre à jour le document des Évêques de France de 1982 « Pour de nouveaux modes de vie » ;

- la recherche menée par un groupe de catholiques et de protestants pour mettre en place un label « paroisse verte » ;

- l'engagement d'une réflexion œcuménique sur la théologie de la Création.