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Projet coopératif et christianisme social

Presse de l’Université Saint-Louis, Bruxelles, 2018, 02/05/2018, 325 p., 30 euros
Enzo Pezzini
Projet coopératif et christianisme social

Issu d’une thèse de doctorat en sciences politiques et sociales « Bien commun et démocratie économique. Enjeux éthiques et politiques de l’entreprise coopérative », soutenue à l’Université Saint-Louis Bruxelles, ce livre, comme les ouvrages de ce type, en possède les qualités d'exhaustivité et de rigueur, mais aussi les lourdeurs dans l'abondance de précisions et de notes.

Il fera clairement référence pour qui s’intéresse aux liens entre le projet coopératif et la doctrine sociale de l'Eglise, depuis Rerum Novarum jusqu'à Laudato Si'.

"Se dévoile [ici] toute une histoire étonnante et méconnue où l’on découvre à quel point les textes officiels de l’Eglise se sont progressivement rapprochés du « projet coopératif »." (J.Defourny)

L'histoire du coopératisme est ainsi retracée. Dès 1895, l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) représente les coopératives dans le monde. Selon une estimation des Nations unies, la vie de la moitié de la population de la planète dépend significativement de ces entreprises. A l'occasion de son centenaire, l'ACI publie une « Déclaration sur l’identité coopérative » qui réaffirme les sept principes du projet coopératif : (1) adhésion volontaire et ouverte à tous ; (2) pouvoir démocratique exercé par les membres ; (3) participation économique des membres ; (4) autonomie et indépendance ; (5) éducation, formation et information ; (6) coopération entre les coopératives ; (7) engagement envers la communauté.
Le projet coopératif se voulait  et se veut toujours une alternative à l’économie libérale fondée sur la concurrence. L’entreprise coopérative est, comme son nom l’indique, porteuse d’une attention particulière au « bien commun ».

Le rapprochement avec les principes du christianisme social n'est pas immédiat, et pourtant l'histoire nous montre le rôle essentiel des idées, et en particulier des idées religieuses du mutualisme chrétien, dans l’émergence et la résilience des pratiques coopératives, face à l’injonction omniprésente de maximisation des profits.

Le chapitre présentant les textes de la doctrine sociale catholique vaut, à lui seul, la lecture. On pourrait suggérer à l'auteur d'en éditer une version séparée, accessible à un large public.

Le troisième chapitre est plus fastidieux, qui analyse chaque texte du Magistère selon les thématiques du projet coopératif. Mais on n’y trouve quelques surprises, telles que "l'encyclique coopérative" de Jean-Paul II adressée à Faenza en 1986, les références à l'expérience coopérative et au mutualisme, dans Caritas in Veritate de Benoît XVI ou le témoignage du Pape François qui, à 18 ans, s’enthousiasmait lors d'une conférence donnée par son père sur le coopérativisme chrétien.

Les derniers chapitres soulignent l'influence du christianisme social dans le projet coopératif, en reprenant une analyse systématique des principes de la doctrine sociale catholique et en invoquant quelques figures chrétiennes.

"À travers l’histoire racontée par Enzo Pezzini [émerge une] invitation à trouver une nouvelle fécondité entre ces deux réalités habitées par un même « esprit »" (E.Lasida).

De Marcel Rémon