Aux délégués des mouvements populaires du monde entier réunis au Vatican, fin octobre, le Pape a rappelé que l'amour pour les pauvres est au centre de l'Evangile et que leur lutte pour la justice sociale est "comme une bénédiction d'humanité".
Une fois encore, le pape François n’a pas craint la critique « politique » en s’adressant comme il l’a fait à la centaine de délégués des mouvements populaires du monde entier réunis dans l’ancienne salle du Synode au Vatican, du 27 au 29 octobre dernier. Cette rencontre des exclus de la terre, du logement et du travail, venus en majorité d’Amérique latine et d’Asie, était en elle-même déjà un événement. La présence du président bolivien Evo Morales en était un autre. Mais, surtout, François a dit à ces militants qui subissent l’injustice et la combattent : « Continuez votre lutte, c’est comme une bénédiction d’humanité » ! Et pour répondre à « ceux qui pensent que le Pape est communiste », François a affirmé : « On ne comprend pas que l’amour pour les pauvres est au centre de l’Evangile ».
Il n’a pas hésité à choquer éventuellement :
-en rappelant le scandale de la faim et l’obligation morale et la nécessité politique d’une réforme agraire dans certains pays ;
-en soulignant que le terme de « sans domicile fixe » est un euphémisme et que derrière un euphémisme il y a en général un délit !
- en affirmant que « le chômage et le manque de droits du travail résultent d’une option sociale très nette, … ils sont les effets d’une culture du rebut » qui permet de jeter l’être humain après utilisation.
Et après la dénonciation de la culture du déchet, le Pape a félicité pour leur habileté et leur recherche solidaire ces travailleurs de la récupération. Il avait devant lui des cartoneros argentins aussi bien que des biffins de France…
Cela lui a donné l’occasion d’annoncer qu’il prépare une encyclique sur l’écologie et d’affirmer que, pour changer le système actuel en replaçant au centre la dignité humaine, « nous chrétiens avons un programme révolutionnaire » à retrouver dans les Béatitudes (Mt 5 et Lc 6). Et de relancer son appel à aller dans « les périphéries ».
Un texte très fort qui incite à appliquer la Doctrine sociale dans la réalité de notre société*, pour dépasser « les bonnes intentions entendues dans les conférences internationales ». A lire par exemple sur
http://www.fondationjeanrodhain.org/spip.php?article545
* Dans sa Déclaration finale, le lendemain, le rassemblement a reconnu l’apport de la Doctrine sociale catholique aux luttes pour la justice sociale.
Françoise Salmon
photo dandeluca Buenos Aires Flickr licence cc