La Doctrine Sociale de l’Église sur les migrations suit un beau cheminement de maturation et d’approfondissement, au fil de la réflexion de la communauté ecclésiale au niveau social, politique, mondial, mais aussi en fonction des engagements des chrétiens en diverses parties du monde. Le livre de José Luis González en témoigne, qui s’attache à scruter les propos du Pape François sur l’expérience de l’accompagnement des migrants. Il suit les faits et gestes du pape, puis ses paroles et discours, en faveur des migrants : s’y découvre la richesse de la perception de nos frères et soeurs en déplacement de la part de François. Toujours à partir des actions et des paroles du pape, vient ensuite une réflexion sur ce qu’est l’accompagnement, et comment il nous engage. Une attention fraternelle (plus que paternelle !) à la fragilité de frères souffrants, le patient cheminement à leurs côtés, sans intrusion ni curiosité, l’effort pour créer des espaces d’ouverture où confiance et sécurité pourront être la règle du vivre ensemble, et puis la conviction du caractère bi-directionnel des échanges avec les migrants. Certes, « nous ne pouvons obliger personne à recevoir ou à offrir l’hospitalité, car cela fait partie de notre pauvreté et de notre liberté » (p. 191). Mais, « il n’est pas humain de fermer les portes, il n’est pas humain de fermer son coeur, car, à terme, cela se paie » (p. 52). Tout au long de l’accompagnement, se révèle d’une part que les migrants ne sont pas un danger, mais qu’ils sont en danger, et que, d’autre part, une relation ajustée avec eux est le meilleur moyen de garantir leur dignité. L’ouvrage de González présente enfin l’intérêt d’avoir rassemblé l’ensemble des textes du Pape François sur les migrants.
Jean-Marie Carrière, sj
