facebook

Le paradis végétarien, méditations patristiques

L'Harmattan, 17/05/2016, 142 p., 15.5 euros
Robert Culat, prêtre du diocèse d'Avignon
Le paradis végétarien, méditations patristiques

Il est des phénomènes de mode qui empêchent de penser et de discerner. Le fleurissement récent du véganisme en fait, à bien des égards, partie. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les violents échanges sur internet entre éleveurs, végans, industriels…

L’auteur de ce livre, prêtre du diocèse d’Avignon et végétarien militant, n’est pas de ceux qui suivent les modes sans se poser de questions. Déjà auteur d’un petit opuscule intitulé Médiations bibliques sur les animaux, Robert Culat n’hésite pas à confronter son mode de vie, sa foi et ses lectures, quitte à se laisser déplacer.

Ces méditations patristiques s’articulent en deux parties : la première autour du verset 29 du premier chapitre de la Genèse : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence (…) : telle sera votre nourriture », la seconde autour des versets 26 à 28 où Dieu fait de l’homme « le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre ». L’auteur nous présente les commentaires des Pères de l’Eglise sur ces versets et fait ensuite résonner chacun de ces commentaires avec son expérience et la pensée d’autres auteurs.

Cette promenade inédite dans la pensée des Pères de l’Eglise nous permet d’embrasser toute la diversité de leurs points de vue quant au mode de vie végétarien : de l’anthropocentrisme de Didyme l’Aveugle au paradis végétarien de Basile de Césarée en passant par la lecture métaphorique de Saint Augustin.

Si la lecture anthropocentrique des textes de la Genèse a prévalu au cours des derniers siècles, le renversement en cours, matérialisé par l’encyclique Laudato Si’ du pape François, trouve également ses racines dans une pensée chrétienne ancienne. Robert Culat se plaît ainsi à souligner au cours d’une de ses Méditations, que la rège écrite par Saint Benoît guide le moine vers un régime végétarien, la consommation de viande étant réservée aux frères malades.

La lecture de ces méditations est assurément enrichissante. Si le format impose un écrit un peu ramassé et quelques raccourcis dommageables, l’auteur sait faire preuve de pédagogie et d’ouverture, rendant la méditation du lecteur agréable et stimulante.

Matthieu Cassou-Mounat