facebook
30 novembre 1971

Justitia in mundo

par Synode des Evêques

La promotion de la justice dans le monde

Présentation, par Jean-Yves Calvez
INTRODUCTION
I. JUSTICE ET SOCIÉTÉ MONDIALE
Crise de solidarité universelle
Droit au développement
Injustices sans voix
II. MESSAGE BIBLIQUE ET MISSION DE L’ÉGLISE
La justice salvifique de Dieu par le Christ
Mission de l’Église, hiérarchie et chrétiens
III. PRATIQUE DE LA JUSTICE
Le témoignage de l’Église
Éducation à la justice
Coopération entre les Églises locales
Collaboration œcuménique
Action internationale
Vœux du Synode
IV. ESPÉRANCE

Introduction

1. Réunis du monde entier, en communion avec tous ceux qui croient en Jésus-Christ et avec toute la famille humaine, dans la disponibilité à l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles, nous nous sommes interrogés sur la mission du Peuple de Dieu pour la promotion de la justice dans le monde.
2. Scrutant les signes des temps et cherchant à discerner le sens de l’histoire qui se fait, partageant les aspirations et les interrogations de tous ceux qui veulent un monde plus humain, nous nous sommes mis à l’écoute de la Parole de Dieu pour nous convertir à la réalisation de son dessein de salut sur le monde.
3. Même s’il n’est pas de notre ressort d’approfondir l’analyse de la situation mondiale, nous avons pu mesurer, cependant, les graves injustices qui tissent autour de la terre des hommes un réseau de dominations, d’oppressions, d’exploitations qui étouffent les libertés et empêchent une grande partie de l’humanité de participer à la construction et à la jouissance d’un monde plus juste et fraternel.
4. Mais nous avons aussi perçu en même temps un mouvement surgi des profondeurs et qui soulève le monde. Des réalisations, déjà, contribuent au progrès dans la justice. Dans des groupes ou des peuples, une prise de conscience s’éveille qui, faisant reculer la résignation ou le fatalisme, les entraîne à leur libération et à la prise en charge de leur destin. Des mouvements se révèlent, qui manifestent l’espoir d’un monde meilleur et la volonté de transformer ce qui est devenu intolérable.
5. Entendant le cri de ceux qui souffrent de violence et sont écrasés par les systèmes et les mécanismes injustes, tout comme le défi d’un monde dont la corruption contredit le plan du Créateur, nous avons pris conscience ensemble de la vocation de l’Église à être présente au cœur du monde pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle, aux opprimés la délivrance, aux affligés la joie.
6. Les espoirs et les forces qui travaillent le monde en profondeur ne sont pas étrangers à la dynamique de l’Évangile qui, par la puissance de l’Esprit Saint, libère les hommes de leur péché personnel et de ses conséquences dans la vie sociale.
7. L’incertitude de l’histoire, comme les douloureuses convergences qui se font jour sur le chemin ascendant de la communauté humaine, nous renvoient à l’Histoire sainte où Dieu s’est révélé à nous, en nous manifestant, dans sa réalisation progressive, son dessein de libération et de salut accompli, une fois pour toutes, dans la Pâque du Christ. Le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de la prédication de l’Évangile qui est la mission de l’Église pour la rédemption de l’humanité et sa libération de toute situation oppressive.

I. Justice et société mondiale

Crise de solidarité universelle

8. Le monde dans lequel l’Église vit et agit est prisonnier d’un redoutable paradoxe. Jamais encore les énergies à l’œuvre pour l’avènement d’une société mondiale unifiée n’étaient apparues aussi puissantes et dynamiques ; elles ont leurs racines dans la conscience de la pleine égalité fondamentale et de la dignité humaine de tous. Les hommes, membres de la même famille humaine, sont inéluctablement liés les uns aux autres dans l’unique destin de la planète dont ils doivent partager la responsabilité.
9. Les nouvelles possibilités technologiques reposent sur l’unité de la science, sur la globalité et la simultanéité des communications et sur la naissance d’un univers économique complètement interdépendant. Les hommes commencent aussi à saisir une dimension nouvelle et plus radicale de l’unité en découvrant que les ressources, les précieux ensembles d’air et d’eau indispensables à la vie, la petite et fragile « biosphère » de tout ce qui vit sur terre, ne sont pas illimités, mais qu’ils doivent, au contraire, être conservés et préservés comme le patrimoine unique de l’ensemble de l’humanité.
10. Le paradoxe est dans le fait que, dans cette perspective d’unité, les forces de division et les antagonismes accroissent de jour en jour leur pression. Les anciennes divisions des nations et des empires, des races et des classes, possèdent maintenant de nouveaux moyens techniques de destruction ; la course rapide aux armements menace le plus grand bien de l’homme, la vie ; elle rend les pauvres, peuples ou individus, encore plus pauvres et enrichit seulement ceux qui sont déjà puissants ; elle engendre un risque permanent de guerre qui, dans le cas des armes nucléaires, menace d’annihiler toute vie sur terre. En même temps, de nouvelles divisions font leur apparition pour séparer l’homme de son prochain. L’impact du nouvel ordre industriel et technologique, s’il n’est pas combattu et dépassé par l’action sociale et politique, favorise la concentration des richesses, de la puissance, du pouvoir de décision, entre les mains d’une élite dirigeante, privée ou publique. L’injustice économique et le manque de participation sociale frustrent l’homme de l’exercice de ses droits fondamentaux humains et sociaux.
11. L’espoir qui s’était répandu au cours des vingt-cinq dernières années – que la croissance économique produirait une si grande quantité de ressources qu’elle permettrait aux pauvres de se nourrir des miettes qui tomberaient de la table – s’est révélé vain dans les pays en voie de développement et dans les îlots de pauvreté des pays développés, par le rapide accroissement de la population et de la main-d’œuvre, par la stagnation rurale et le manque de réformes agraires, par les migrations massives vers les villes où les industries à forte densité de capital fournissent des emplois trop peu nombreux, au point qu’il arrive parfois que le quart de la force de travail se trouve sans emploi. Toutes ces pressions contraignantes pro­duisent constamment des foules de « marginaux » mal nourris, logés dans des conditions inhumaines, analphabètes, privés de pouvoir politique comme des conditions nécessaires à la responsabilité ou à la dignité morale.
12. En outre, la demande de ressources et d’énergie des pays les plus riches – capitalistes ou socialistes – est telle (tout comme les effets de leurs déversements dans l’atmosphère et les océans) que les éléments essentiels de la vie terrestre que sont l’air et l’eau seraient irréparablement dévastés si les normes de haute consommation et de haute pollution en croissance constante devaient s’étendre à toute l’humanité.
13. La forte poussée vers l’unité planétaire, le partage inégal qui laisse le contrôle des trois quarts des revenus, investissements et commerces, à un tiers seulement de la population du monde, celui-là qui jouit déjà du taux le plus élevé d’expansion – tout comme l’échec du développement purement économique et la nouvelle compréhension des limites matérielles de la « biosphère » – nous ont conduits à prendre conscience du fait qu’il surgit dans le monde contemporain de nouveaux modes de concevoir la dignité humaine.

Droit au développement

14. Face aux systèmes internationaux de domination, la réalisation de la justice est de plus en plus liée à une volonté de promotion.
15. Dans les nations en voie de développement, et dans le monde dit du socialisme, la volonté de promotion s’affirme d’abord dans le combat pour les formes de revendication et d’expression qu’engendre l’évolution même du système économique.
16. Cette aspiration à la justice s’affirme dans le passage du seuil où commence la conscience d’un « valoir plus et être plus » (cf. Populorum progressio 15) pour tout l’homme et pour tous les hommes : elle s’exprime dans la prise de conscience du droit au développement. On doit reconnaître ce droit dans l’interpénétration dynamique de tous ces droits humains fondamentaux sur lesquels se fondent les aspirations des ­individus et des nations.
17. Ce désir, cependant, ne saura combler les vœux de notre temps s’il ignore les obstacles objectifs que les structures sociales opposent à la conversion des cœurs, ou à la réalisation de l’accomplissement d’un idéal de charité. Elle exige le dépassement d’un état général de marginalité sociale, des blocages et des cercles vicieux qui deviennent des systèmes, empêchant la montée collective par l’accès à la jouissance d’une rémunération adéquate des actes de production et renforçant l’inégalité dans l’accès aux services et avantages sociaux pour une grande partie des populations. Si les pays et régions en voie de développement échouent dans leur libération par le développement, il y a un réel péril pour que leur situation, créée surtout par la domination coloniale, évolue en un néo-­colonialisme dans lequel les nations en développement seront les victimes du jeu des forces économiques internationales. Ce droit au développement est donc d’abord un droit à l’espoir, exprimé à la mesure concrète de notre génération. Pour y répondre, il faudrait libérer l’idée de changement des mythes et fausses croyances que véhicule encore une structure mentale prisonnière d’une notion déterministe et automatique du progrès.
18. En assumant leur destin dans une volonté de promotion, les peuples en voie de développement – même s’ils n’aboutissent pas au résultat final – manifesteront authentiquement leur propre personnalisation. Pour affronter les rapports inégaux de l’enjeu planétaire actuel, un nationalisme responsable leur donne l’élan nécessaire pour accéder à leur identité. C’est de cette autodétermination fondamentale que peuvent découler les efforts pour l’intégration de nouveaux ensembles politiques susceptibles de rendre viable leur plein développement, les mesures nécessaires pour soulever les inerties qui contrecarrent cette poussée – comme dans certains cas la pression démographique – ou les nouveaux sacrifices qu’une ­planification accrue demande à une génération pour construire l’avenir.
19. On ne peut, d’autre part, concevoir la véritable promotion sans reconnaître la nécessité – dans une politique voulue – d’un développement qui comporte à la fois la croissance économique et la participation ; d’un enrichissement qui implique en même temps le progrès social de toute la communauté, dans le dépassement des déséquilibres régionaux et des enclaves de prospérité. Mais la participation elle-même est un droit qui doit être appliqué aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine social ou politique.
20. Pendant que nous réaffirmons de nouveau le droit à l’identité des peuples, nous découvrons aussi plus clairement l’impossibilité de se défendre contre la modernisation dépersonnalisante par le seul recours à des coutumes historiques intangibles et à des modes de vie vénérables. C’est, au contraire, en accueillant la modernité pour la faire servir au bien de la nation que pourra être créée une culture susceptible de constituer une véritable mémoire sociale agissante, créatrice d’une véritable personnalité, dans le concert des nations.

Injustices sans voix

21. Nous percevons dans le monde un ensemble d’injustices qui constituent l’essentiel des problèmes de notre temps, et dont la disparition exige des efforts et des responsabilités à tous les échelons de la société, même de ceux qui concernent la société planétaire vers laquelle nous nous acheminons dans ce dernier quart du XXe siècle. Aussi, devons-nous nous tenir prêts à assumer de nouvelles charges et de nouveaux services dans tous les secteurs de l’activité humaine, et en particulier dans ce secteur de la société planétaire, si nous voulons vraiment que la justice soit mise en pratique. Notre action doit se porter en premier lieu vers ces hommes et ces nations qui, à cause de diverses formes d’oppression et à cause du caractère actuel de notre société, sont victimes d’injustice silencieuse et sont même privés de la possibilité de se faire entendre.
22. Ainsi en est-il, par exemple, des migrants, contraints bien souvent à quitter leur patrie pour chercher du travail, en face de qui, en maints endroits, les portes se ferment à cause d’attitudes discriminatoires, ou qui, si on leur permet d’entrer, sont souvent obligés de vivre dans l’insécurité en étant traités d’une manière infra-humaine. De même pour des groupes voués à un niveau inférieur de promotion sociale, tels que ceux des ouvriers et surtout des agriculteurs, qui ont pourtant une grande part dans le processus d’évolution. Particulièrement déplorable est le cas de millions de réfugiés, de tous les groupes ou peuples persécutés – souvent de façon institutionnalisée – à cause de leur origine raciale, ethnique ou tribale. De telles persécutions pour des raisons d’origine peuvent même devenir de vrais génocides.
23. Dans de nombreuses régions aussi, la justice est très gravement bafouée chez ceux qui sont persécutés à cause de leur foi ou qui sont soumis incessamment et de multiples manières, par des groupes politiques et des pouvoirs publics, à une propagande athéiste oppressive ou qui se voient privés de la liberté religieuse : soit qu’on leur refuse d’honorer Dieu par un culte public, qu’on leur interdise d’enseigner publiquement et de propager leur foi ou qu’on leur défende toute activité temporelle conforme aux principes de leur religion.
24. La justice se trouve violée, encore, par les nouvelles formes d’oppression qui découlent des restrictions aux droits individuels, aussi bien dans les répressions dues au pouvoir politique que dans les violences dues aux réactions privées – jusqu’à l’extrême limite des conditions élémentaires d’intégrité personnelle. On connaît bien les cas de torture, spécialement à l’égard des prisonniers politiques qui, de plus, se voient fréquemment refuser tout procès régulier, ou bien sont soumis à l’arbitraire dans le jugement. Il ne faut pas oublier non plus les prisonniers de guerre qui, même après la Convention de Genève, sont traités de manière inhumaine.
25. La contestation de l’avortement légalisé, de l’obligation des moyens anticonceptionnels et les pressions contre la guerre sont des formes ­significatives de la revendication du droit à la vie.
26. Par ailleurs, la conscience de notre temps exige la vérité dans les systèmes de communication sociale, ce qui se traduit par un droit à l’objectivité de l’image présentée par les mass média, et donc à la possibilité de corriger sa manipulation.
27. Il faut souligner aussi que le droit, surtout pour les enfants et les jeunes, à l’éducation, à des conditions de vie et à l’usage de moyens de communication moralement sains, est de nouveau menacé dans notre temps.
28. Le rôle des familles dans la vie sociale n’est reconnu que rarement et insuffisamment par les pouvoirs publics.
29. Il ne faut pas oublier non plus le nombre croissant des personnes abandonnées par leur famille et la société : les vieillards, orphelins, infirmes et tous les délaissés.
30. Pour réaliser l’unité qui se cherche et est exigée par une société humaine planétaire, le rôle des médiations est nécessaire pour dépasser un jour les oppositions, les blocs et les structures surannées qui se rencontrent sur le chemin d’une société plus humaine.
31. Mais une médiation effective comporte la création d’une atmosphère de dialogue. Pour sa réalisation progressive, tous les hommes devraient pouvoir se rencontrer sans être soumis à la contrainte de conditions géopolitiques, idéologiques, socio-économiques ou aux barrières entre générations. Pour restaurer le sens de la vie par l’adhésion aux valeurs authentiques, la participation et le témoignage des jeunes qui montent sont aussi nécessaires que la communication entre les peuples.

II. Message biblique et mission de l’Église

32. Face à la situation du monde actuel, marquée par le grand péché de l’injustice, nous ressentons, d’une part, notre responsabilité et, d’autre part, notre impuissance à l’éliminer. Cette situation nous appelle à écouter avec humilité et ouverture d’esprit la Parole de Dieu, qui nous indique des voies nouvelles pour notre action dans le monde.

La justice salvifique de Dieu par le Christ

33. Dans l’Ancien Testament, Dieu se présente à nous comme le libérateur des opprimés et le défenseur des pauvres. Des hommes, il exige la foi en lui et la justice envers le prochain. Seul celui qui observe les devoirs de la justice envers les hommes connaît véritablement Dieu, le libérateur des opprimés.
34. Dans son action et dans son message, le Christ a uni de façon indivisible la relation de l’homme à Dieu et sa relation aux autres. Le Christ a vécu son existence en ce monde, dans le don radical de lui-même à Dieu pour les hommes. Dans son message, il a proclamé la paternité de Dieu pour tous les hommes, et l’intervention de la justice de Dieu en faveur des indigents et des opprimés (cf. Lc 6,21-23). Il s’est fait solidaire de ses « frères les plus petits », au point de dire : « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).
35. L’Église naissante a vécu et a compris l’événement de la mort et de la résurrection du Christ comme l’appel de Dieu à la conversion à la foi au Christ et à l’amour fraternel, réalisé dans l’aide réciproque jusqu’à la communauté des biens.
36. La foi au Christ, Fils de Dieu et Rédempteur, et l’amour du prochain, sont un thème fondamental des textes du Nouveau Testament. Saint Paul synthétise l’existence chrétienne tout entière dans la foi, qui se réalise dans l’amour et le service du prochain, qui implique l’accomplissement des devoirs de justice. Le chrétien vit selon la loi de la liberté intérieure, dans l’appel permanent à la conversion radicale de son autosuffisance à la confiance en Dieu, et de son égoïsme à l’amour désintéressé du prochain. Là est sa véritable libération et son engagement pour la libération des autres hommes.
37. Le message chrétien intègre dans l’attitude même de l’homme envers Dieu son attitude envers les autres hommes : sa réponse à l’amour de Dieu, qui nous sauve par le Christ, ne devient effective que par l’amour et le service des autres. L’amour du prochain et la justice sont inséparables. L’amour est avant tout exigence absolue de justice, c’est-à-dire reconnaissance de la dignité et des droits du prochain. Et pour sa part la justice n’atteint sa plénitude intérieure que dans l’amour. Parce que tout homme est l’image visible du Dieu invisible et le frère du Christ, le chrétien trouve en chaque homme Dieu lui-même avec son exigence absolue de justice et d’amour.
38. La situation actuelle du monde, considérée à la lumière de la foi, nous appelle à retourner au noyau même du christianisme, et nous permet d’acquérir une conscience nouvelle de son vrai sens et de ses exigences pressantes. La mission de prêcher l’Évangile exige, aujourd’hui, l’engagement radical pour la libération intégrale de l’homme, dès maintenant, dans la réalité même de son existence en ce monde. Si le message ­chrétien d’amour et de justice ne se réalise pas, en effet, dans l’action pour la justice dans le monde, il paraîtra difficilement crédible à l’homme d’aujourd’hui.

Mission de l’Église, hiérarchie et chrétiens

39. L’Église a reçu du Christ la mission de prêcher le message évangélique, qui comprend la vocation à se convertir du péché à l’amour du Père, la fraternité universelle et, par là, l’exigence de justice dans le monde. C’est pourquoi l’Église a le droit et le devoir de proclamer la justice à l’échelle sociale, nationale et internationale, et de dénoncer les situations d’injustice quand les droits fondamentaux et le salut même de l’homme l’exigent. L’Église n’est pas seule responsable de la justice dans le monde ; dans ce domaine, cependant, elle a une responsabilité spécifique et propre, qui s’identifie avec sa mission de rendre témoignage devant le monde de l’exigence d’amour et de justice contenue dans le message chrétien, témoignage qu’elle devra réaliser dans ses propres institutions ecclésiales et dans la vie des chrétiens.
40. L’Église, en tant que communauté religieuse et hiérarchique, n’a pas de solutions concrètes d’ordre social, politique ou économique pour la justice dans le monde. Mais sa mission comporte la défense et la promotion de la dignité et des droits fondamentaux de la personne humaine.
41. Les membres de l’Église, comme membres de la société civile, ont le droit et le devoir de poursuivre le bien commun comme les autres citoyens. Les chrétiens doivent remplir avec fidélité et compétence leurs tâches terrestres. Ils doivent agir comme levain dans leur vie familiale, professionnelle, sociale, culturelle et politique. Dans tous ces domaines, c’est à eux de prendre leurs propres responsabilités, en se laissant conduire par l’esprit de l’Évangile et l’enseignement de l’Église. Ils témoignent ainsi de la puissance de l’Esprit Saint dans l’action au service de leurs frères, aux points où se jouent leur existence et leur avenir. Dans ces activités, ils agissent généralement de leur propre chef, sans engager la responsabilité de la hiérarchie ecclésiastique ; ils y engagent cependant d’une certaine manière la responsabilité de l’Église, puisqu’ils en sont membres.

III. Pratique de la justice

Le témoignage de l’Église

42. Un certain nombre de chrétiens sont conduits à de véritables confessions de la justice en divers modes d’action pour la justice, inspirés par la charité selon la grâce reçue de Dieu. Pour quelques-uns, cette action se situe dans le domaine des conflits sociaux et politiques dans lesquels les chrétiens rendent témoignage à l’Évangile en manifestant qu’il y a place dans l’histoire pour des sources de progrès autres que la lutte, à savoir l’amour et le droit. Cette priorité de l’amour dans l’histoire conduit d’autres chrétiens à préférer la voie de l’action non violente et l’action sur l’opinion publique.
43. Si l’Église doit témoigner de la justice, elle reconnaît que quiconque ose parler aux hommes de justice doit d’abord être juste à leurs yeux. Il faut donc examiner ici avec soin les procédures, les possessions et le style de vie de l’Église.
44. Les droits à l’intérieur de l’Église doivent être respectés. Nul ne doit, parce qu’il est associé d’une manière ou d’une autre à l’Église, se voir privé des droits habituels. Ceux qui travaillent pour l’Église – et ceci inclut les prêtres et les religieux – doivent recevoir des moyens suffisants de subsistance, et bénéficier d’assurances sociales, suivant les conditions des différents pays. L’égalité de traitement et de promotion doit être donnée aux laïcs. Nous insistons pour que les laïcs aient un rôle plus important à exercer dans la responsabilité des propriétés de l’Église et qu’ils ­participent à la gestion de ses biens.
45. Nous voulons aussi que les femmes reçoivent leur propre part de responsabilité et de participation dans la vie communautaire de la société et même de l’Église.
46. Nous suggérons qu’une étude approfondie se fasse à ce sujet par des moyens appropriés, par exemple une commission mixte d’hommes et de femmes, de religieux et de laïcs de différentes situations et disciplines.
47. L’Église reconnaît à tous le droit à une liberté convenable de parole et de pensée qui comprend le droit pour tous à être entendus dans un esprit de dialogue respectueux de la légitime diversité dans l’Église.
48. La procédure judiciaire doit garantir à l’accusé le droit de connaître ses accusateurs et le droit à une défense appropriée. La justice, pour être complète, implique qu’il y ait rapidité de procédure. Ceci est ­particulièrement demandé pour les causes matrimoniales.
49. Enfin, les membres de l’Église doivent avoir quelque participation à la préparation des décisions, suivant les directives données par le IIe Concile du Vatican et le Saint-Siège, par exemple pour créer des conseils à tous les niveaux.
50. Quel que soit l’usage qu’on fasse des biens temporels, il ne faut jamais arriver à rendre ambigu le témoignage évangélique que doit donner l’Église. Le maintien de certaines positions de privilège devrait continuellement être soumis au critère de ce principe. En général, s’il reste difficile de tracer une limite entre ce qui est nécessaire au bon fonctionnement et ce que demande un témoignage prophétique, il demeure qu’un principe doit être fermement maintenu : c’est notre foi qui exige de nous une certaine modération dans l’usage et l’Église doit vivre et administrer ses biens de manière que l’Évangile soit annoncé aux pauvres. S’il en était autrement, l’Église apparaîtrait comme faisant partie des riches et des puissants de ce monde, et sa crédibilité en serait diminuée.
51. Notre examen de conscience doit s’étendre au style de vie de tous : évêques, prêtres, religieux et religieuses, laïcs. Dans les pays pauvres, la question sera de se demander si l’appartenance à l’Église fait entrer dans un îlot de richesse au milieu d’un entourage général de pauvreté. Dans les sociétés de haute consommation, ce sera de se demander si nos styles de vie offrent l’exemple de cette modération de consommation que nous prêchons aux autres comme nécessaire pour nourrir des millions ­d’affamés dans le monde.

Éducation à la justice

52. La vie quotidienne du fidèle, comme un levain évangélique, au foyer, à l’école, au travail, dans la vie sociale et civile, telle est la contribution spécifique des chrétiens à la justice – en même temps que les perspectives et le sens qu’ils peuvent apporter ainsi à la tâche humaine. S’il en est ainsi, alors l’éducation à donner doit être telle qu’elle forme les hommes à orienter leur vie dans sa totalité selon les principes évangéliques de la morale personnelle et sociale, exprimée dans un témoignage chrétien vital.
53. Les obstacles au progrès que nous souhaitons pour nous-mêmes et pour tous sont clairs. Le mode d’éducation encore trop souvent en vigueur favorise un individualisme étroit. Une partie de la famille humaine vit comme immergée dans une mentalité qui béatifie la possession. L’école et les mass média, souvent domestiqués par l’ordre établi, ne peuvent que façonner l’homme que celui-ci requiert, un homme à son image, non pas un homme nouveau, mais une reproduction de l’homme tel qu’il est.
54. Une telle éducation appelle un changement du cœur, basé sur la reconnaissance du péché dans ses manifestations individuelles et sociales. Elle devra également inculquer une manière totalement humaine de vivre dans la justice, l’amour et la simplicité. Elle éveillera aussi la faculté critique qui amènera à réfléchir sur la société dans laquelle on vit, sur ses valeurs, en rendant prêt à les abandonner quand elles cessent de favoriser la justice pour tous les hommes. Dans les pays en voie de développement, la tâche principale de cette éducation à la justice consiste dans un effort de prise de conscience de la situation concrète et dans un appel à un mieux-être total par lesquels est amorcée une transformation du monde.
55. Puisque cette éducation est profondément humanisante, elle aidera les hommes à n’être plus objet de manipulation, soit par les mass média, soit par les forces politiques, mais elle les rendra capables de contrôler leur destin et de créer des communautés réellement humaines.
56. C’est avec raison qu’une telle éducation est appelée permanente, car elle atteint tous les hommes, à tout âge. Elle est aussi une éducation pratique, car elle se fait par l’action et la participation, et au contact vital des réalités de l’injustice.
57. L’éducation à la justice est d’abord l’œuvre de la famille. Nous savons bien que non seulement les institutions de l’Église y collaborent, mais aussi les autres écoles, les syndicats et les partis politiques.
58. Le contenu d’une telle éducation comporte nécessairement le respect de la personne et de sa dignité. Avant tout, puisqu’il est ici question de justice mondiale, on soulignera l’unité de la famille humaine dans laquelle l’homme naît, selon une disposition divine. Le signe de cette solidarité pour les chrétiens sera ce fait que tous les hommes sont destinés à ­participer à la nature divine dans le Christ.
59. On trouve les fondements pour faire passer l’Évangile dans la vie sociale dans un ensemble organique de doctrine proposée peu à peu et opportunément depuis l’encyclique Rerum novarum jusqu’à la lettre Octogesima adveniens. Avec la Constitution Gaudium et spes de Vatican II, l’Église a mieux perçu sa place dans le monde, un des lieux où le chrétien réalise son salut en accomplissant la justice. Pacem in terris nous a donné une véritable charte des droits de l’homme. La justice internationale commence à prendre une place prioritaire dans Mater et Magistra ; ceci s’approfondit, en Populorum progressio, en un véritable traité sur le droit au développement. Dans Octogesima adveniens se trouve enfin un ensemble ­d’orientations pour l’action politique.
60. Comme l’Apôtre, nous exhortons à temps et à contretemps pour rendre présente la Parole de Dieu au cœur des situations humaines. Nos interventions veulent être l’expression d’une foi qui engage nos vies et celles des fidèles aujourd’hui. Nous voudrions qu’elles soient toujours conformes aux circonstances de lieu et de temps. Notre mission exige de nous que nous ayons le courage de dénoncer les situations injustes avec charité, prudence et fermeté, dans un dialogue franc avec toutes les parties intéressées. Nous savons enfin que nos dénonciations ne peuvent emporter l’adhésion que dans la mesure où elles seront cohérentes avec notre vie et s’inscriront dans une action continue.
61. La liturgie, qui est comme le cœur de la vie de l’Église à laquelle nous ­présidons, peut être un lieu privilégié de formation à la justice. Action de grâces au Père dans le Christ, elle manifeste, par son caractère communautaire, nos liens fraternels et nous redit sans cesse la mission de l’Église. La liturgie de la Parole, la catéchèse et la célébration des sacrements ont le pouvoir de nous faire retrouver les grands enseignements sur la justice des prophètes, du Seigneur et des apôtres. La préparation au baptême inaugure la formation de la conscience chrétienne. La pratique de la pénitence doit mettre en évidence la dimension sociale du péché et du sacrement. L’Eucharistie, enfin, constitue la communauté et la met au service des hommes.

Coopération entre les Églises locales

62. Pour être efficacement un signe de la solidarité à laquelle aspire la famille des nations, l’Église doit manifester dans sa propre vie une plus forte coopération entre les Églises des pays riches et des pays pauvres, en communion spirituelle et dans le partage des ressources humaines et matérielles. Les généreuses dispositions actuelles d’aide entre les Églises pourraient être mieux mises en œuvre dans une réelle coordination (Congrégation pour l’Évangélisation des peuples et Conseil pontifical Cor Unum), dans une perspective d’administration commune des dons de Dieu, dans une solidarité fraternelle favorisant toujours l’autonomie et la responsabilité des bénéficiaires pour la détermination des critères et le choix des projets concrets, comme pour leur mise en œuvre.
63. Cette planification ne doit pas se limiter à des projets économiques, mais permettre aussi des activités qui peuvent promouvoir la formation humaine et spirituelle qui assure le levain nécessaire pour le développement intégral de l’homme.

Collaboration œcuménique

64. Prenant acte de ce qui a déjà été fait dans ce domaine, avec le Concile Vatican II nous recommandons vivement la coopération avec les frères chrétiens séparés pour promouvoir la justice, pour construire la paix et pour réaliser le développement des peuples. Cette coopération concerne d’abord les activités qui touchent à la défense de la dignité et des droits fondamentaux de la personne humaine, et en particulier le droit à la liberté religieuse ; d’où l’effort commun pour lutter contre les discriminations, qu’il s’agisse de religion, de race, de couleur, de culture, etc. Cette collaboration s’étend aussi à l’étude de la doctrine de l’Évangile touchant toute l’activité chrétienne. Le Secrétariat pour l’Unité des chrétiens et la Commission pontificale Justitia et Pax ont ensemble la responsabilité de promouvoir efficacement cette collaboration œcuménique.
65. Dans le même esprit, nous recommandons aussi la collaboration dans le domaine de la justice sociale, de la paix et de la liberté avec tous ceux qui croient en Dieu ; et même aussi avec ceux qui, ne reconnaissant pas l’Auteur du inonde, acceptent les valeurs humaines et cherchent sincèrement et avec des moyens honnêtes la justice.

Action internationale

66. Le Synode, ayant un caractère universel, s’occupe des problèmes de justice qui concernent directement l’ensemble de la famille humaine. C’est pourquoi, reconnaissant l’importance de la coopération internationale pour le progrès socio-économique, nous nous félicitons avant tout de l’œuvre inestimable que les Églises locales, les missionnaires et les organisations qui les soutiennent, ont accompli dans les peuples pauvres ; nous nous engageons aussi à appuyer les mouvements et les institutions qui travaillent pour la paix, pour la justice internationale et le développement de l’homme. Nous exhortons les catholiques à prendre en considération les propositions suivantes :
67. (1) Que soit reconnu l’enracinement de l’ordre international dans les droits et la dignité inaliénable de l’homme. Que la Déclaration des droits de l’homme des Nations Unies soit ratifiée par les gouvernements qui n’ont pas encore donné leur adhésion à cette convention, et qu’elle soit pleinement observée par tous.
68. (2) Que les Nations Unies – qui, en raison de leur fin propre, doivent promouvoir la participation de toutes les nations – et les organisations internationales soient appuyées comme l’amorce d’un système susceptible de freiner la course aux armements, de faire abandonner le commerce des armes, de réaliser le désarmement et de résoudre les conflits par des moyens pacifiques d’action légale, d’arbitrage et de police internationale. Il est absolument nécessaire que les différends entre nations ne soient pas résolus par la guerre, mais que soient trouvés d’autres moyens conformes à la nature humaine ; que soit favorisée en outre l’action non violente et que chaque nation reconnaisse légalement l’objection de conscience et lui donne un statut.
69. (3) Que les buts de la seconde décennie du développement – entre autres le transfert d’un pourcentage précis du revenu annuel des pays développés aux pays en voie de développement, des prix équitables pour les matières premières, l’ouverture des marchés des pays développés et, dans certains domaines, un traitement préférentiel pour l’exportation des produits manufacturés des pays en voie de développement – soient encouragés comme première ébauche d’une imposition progressive et d’un système économique et social pour le monde entier. Nous déplorons tout reniement, de la part des pays riches, de cet idéal de partage et de responsabilité planétaires. Nous espérons qu’un tel affaiblissement de la solidarité internationale n’ôtera pas toute force aux discussions sur le commerce préparées par la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
70. (4) Que la concentration de pouvoir représentée par une quasi totale domination économique de la recherche, de l’investissement, des frets et assurances, soit progressivement compensée par des dispositions institutionnelles qui renforcent le pouvoir et les possibilités de prise de décision responsable des pays en voie de développement, comme par leur participation à part entière et à égalité aux organisations internationales qui s’occupent du développement. Leur récente exclusion de fait des discussions sur le commerce mondial, comme les dispositions monétaires qui ­affectent leur sort d’une manière vitale, constituent un exemple de manque de pouvoir inadmissible dans un ordre mondial juste et responsable.
71. (5) Tout en reconnaissant que les organismes internationaux, comme toute réalisation humaine, peuvent être perfectionnés et renforcés, nous soulignons aussi l’importance des organismes spécialisés des Nations Unies, particulièrement de ceux qui s’occupent directement des problèmes immédiats et aigus de la pauvreté mondiale, dans le domaine de la réforme agraire et des progrès de l’agriculture, du bien-être de la famille, de la santé, de l’éducation, de l’emploi, du logement et de l’urbanisation galopante. Nous voudrions signaler en particulier le besoin d’un « fonds » mondial qui fournirait suffisamment de nourriture, et en particulier de protéines, pour assurer un réel développement mental et physique des enfants. Face à l’explosion démographique, nous redisons la définition du devoir public donné par le Pape Paul VI dans l’encyclique Populorum progressio : « Les pouvoirs publics, dans les limites de leur compétence, peuvent intervenir, en développant une information appropriée et en prenant les mesures adaptées, pourvu qu’elles soient conformes aux exigences de la loi morale et respectueuses de la juste liberté du couple » (PP 37).
72. (6) Que les gouvernements continuent leurs contributions individuelles au fonds pour le développement, mais qu’ils cherchent à faire passer la plus grande partie possible de leur effort par des voies multilatérales en respectant entièrement la responsabilité des pays en voie de développement, qui doivent être associés aux décisions prises en ce qui concerne les priorités et l’investissement.
73. (7) Il nous paraît aussi que doit être soulignée la nouvelle préoc­cupation planétaire dont il sera question à la Conférence de Stockholm sur l’environnement humain, prévue pour le mois de juin 1972. On ne voit pas comment les nations riches pourraient prétendre accroître leurs propres revendications matérielles si la conséquence pour les autres en est, soit de rester dans la misère, soit de risquer la destruction éventuelle des bases physiques de la vie planétaire. Ceux qui sont déjà riches doivent donc accepter des styles de vie moins matérialistes, entraînant moins de gaspillage, afin d’éviter la destruction du patrimoine qu’ils sont appelés à partager en toute justice avec tout le reste de l’humanité.
74. (8) Pour réaliser le droit au développement :

a) Que les peuples ne soient pas empêchés de se développer selon leurs propres caractéristiques culturelles ;

b) Que dans la collaboration mutuelle chaque peuple puisse être lui‑même le principal artisan de son progrès économique et social ;

c) Que chaque peuple puisse prendre part à la réalisation du bien commun universel comme membre actif et responsable de la société humaine, à un plan d’égalité avec les autres peuples.

Vœux du Synode

75. La prise de conscience que nous avons vécue ensemble, de l’implication de l’Église dans l’action pour la justice, demeurerait inopérante si elle ne se traduisait dans la vie de nos Églises locales et à tous les niveaux. Nous demandons aux Conférences épiscopales de prolonger les perspectives que nous avons entrevues durant cette Assemblée et de mettre en œuvre les recommandations que nous avons formulées, par exemple la création de centres de recherche sociale et théologique.
76. Nous demandons aussi que la Commission pontificale Justitia et Pax, en liaison avec le Conseil du Secrétariat du Synode et les autorités compétentes, soit chargée de dégager, d’évaluer et d’étudier plus profondément les vœux et les recommandations de notre Assemblée, afin que soit mené à bonne fin ce que nous avons commencé.

IV. Espérance

77. La puissance de l’Esprit qui a ressuscité le Christ d’entre les morts est toujours à l’œuvre dans ce monde. Le Peuple de Dieu est présent, souvent par les meilleurs fils de l’Église, au milieu des pauvres, des opprimés, des persécutés, vivant dans leur chair et leur cœur la passion du Christ et témoignant de sa résurrection.
78. La création tout entière gémit en effet dans les douleurs de l’enfantement, aspirant à la manifestation de la glorieuse liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8,22). Les chrétiens doivent être aussi convaincus que les fruits de leur propre nature et de leur effort, ils les trouveront plus tard purifiés de toute souillure dans la nouvelle terre que Dieu leur prépare et où sera le règne de la justice et de l’amour : quand le Seigneur reviendra, le royaume atteindra son plein accomplissement.
79. L’espérance du royaume futur vient habiter le cœur des hommes. La radicale transformation du monde dans la Pâque du Christ donne la plénitude de leur sens aux efforts des hommes, et principalement des jeunes, pour faire reculer l’injustice, la violence et la haine, et pour progresser ensemble dans la justice, la liberté, la fraternité et l’amour.
80. En annonçant la Bonne Nouvelle du Seigneur Rédempteur et Sauveur, l’Église appelle tous les hommes, spécialement les pauvres, les opprimés, les affligés, à être les collaborateurs de Dieu pour libérer le monde du péché et construire un monde qui ne parviendra à la plénitude de la ­création qu’en étant l’œuvre de l’homme pour l’homme.